

Docteur clic, 2020

Source : Société canadienne du cancer – Statistiques spécifiques 2020

Biasini, 2019
Détecter à temps le cancer des ovaires
Catherine Carey
En 2020, 63 % des femmes avec un diagnostic de cancer des ovaires risquent d’en mourir. Cela représente 19 % des femmes pour le cancer du sein. Au printemps dernier, l’équipe du Projet DOvEE (Diagnosing Ovarian and Endometrial cancer Early) a mis au point le DOvEEgene. Le test prometteur vise la détection précoce du cancer des ovaires. Dre Lucy Gilbert est directrice de recherche et chef du département de gynécologie-oncologie au Centre universitaire de santé McGill (CUSM) à Montréal. Son équipe procédera bientôt aux essais cliniques du DOvEEgene auprès de 2 500 femmes âgées de 45 à 70 ans. Dans le contexte de la crise sanitaire, les chercheurs espèrent débuter ces essais cliniques dès janvier prochain.
Les cellules de notre corps sont le reflet de nos gènes. Elles se multiplient en obéissant à leurs instructions. Ces instructions peuvent changer, elles deviennent parfois désordonnées. C’est ainsi qu’un amas de mauvaises cellules, une tumeur s’implante. Le DOvEEgene vise à détecter ces mutations génétiques à l’origine du cancer. Pour les identifier, l’équipe du Dre Gilbert a prélevé un échantillon du liquide utérin chez deux groupes de patientes. Certaines avec un cancer des ovaires ou de l’utérus et d’autres avec des affections bénignes au niveau de ces mêmes sites. Les chercheurs ont ainsi comparé les différents profils génétiques.
Joëlle Malek, infirmière-chef au sein de l’équipe du Projet DOvEE, nous indique que le DOvEEgene détecte autant le cancer des ovaires que le cancer de l’endomètre. « Les deux cancers se présentent différemment. », spécifie l’infirmière. Le cancer de l’endomètre se manifeste souvent par des saignements vaginaux. « Une femme ménopausée qui a un saignement [vaginal], ce n’est pas normal : il faut consulter tout de suite. », précise Joëlle Malek. Le cancer de l’endomètre est ainsi souvent diagnostiqué à un stade précoce. Cependant, l’infirmière raconte que Dre Gilbert s’est retrouvée souvent impuissante devant des patientes atteintes d’un cancer des ovaires à un stade avancé. La gynécologue-oncologue décide d’interroger ces patientes pour rassembler les symptômes dans l’année précédant le diagnostic. Ballonnement abdominal, satiété précoce, constipation : des symptômes vagues souvent associés à des problèmes gastro-intestinaux. C’est ainsi que le Projet DOvEE prend forme en 2008. Sur ces femmes symptomatiques, l’équipe procède rapidement à des examens spécifiques comme une échographie endovaginale. Malgré tout cela, le cancer des ovaires est encore souvent diagnostiqué à un stade avancé.
Le DOvEEgene s’adresse d’emblée à des femmes asymptomatiques. Comme la mammographie pour le cancer du sein, il vise une détection précoce. Les femmes dépistées avec un cancer ovarien subiront « à temps » une chirurgie pour retirer au moins l’ovaire affecté. Ainsi, elles éviteront de nombreux autres traitements invasifs. L’équipe du Dre Gilbert espère augmenter leurs chances de survie à 90 % (taux de mortalité de 10 %). « [Le DOvEEgene] va devenir un test universel », verbalise Joëlle Malek. L’infirmière s’est jointe à l’équipe de recherche avec une solide expérience auprès de patientes atteintes de cancers gynécologiques. « Je sais à quel point c’était difficile: les traitements […] les effets secondaires […] la souffrance physique, morale des patientes […] », se confie Joëlle Malek.
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